« L’apprentissage des langues, funeste destin de tout étudiant égaré en école de commerce dans ce contexte d’économie toujours plus tourné vers l’international. Collège, lycée, classe préparatoire et cours de management en anglais que nos écoles se targuent de dispenser. Un véritable parcours du combattant dont on ressort convaincu de maîtriser la langue de Shakespeare, orgueil flatté à grands coups de « congratulations ! » sur nos copies. Orgueil blessé lorsque qu’après trois essais infructueux on n’a toujours pas réussi à commander un café en anglais chez Starbucks.

« Non mais, le serveur était pas anglais, c’est lui qui comprenait pas. »
Le serveur était anglais, natif et en passe d’obtenir une maîtrise en lettres modernes mais avec un peu de chance personne ne vous le fera remarquer.
Heureusement pour nous, l’expérience à l’étranger vient palier à ces lacunes laissées par le système scolaire. La Nouvelle-Zélande ou Aotearoa pour les plus cultivés, on notera que cela sonne toujours mieux que stagiaire en marketing à Fleury-les-aubrais. En plus d’avoir des paysages oniriques qui m’ont laissé béat d’admiration plus d’une fois, ce pays est le parfait endroit pour défier ses capacités linguistiques. Si l’anglais s’apprend dans tout pays francophone le kiwi, lui, ne s’apprend pas : il s’expérimente. Un charmant accent à cheval entre de l’anglais britannique, du ma’ori et que-sais-je encore avec leurs e hyper-accentués. Deux mois ici auront été plus efficaces que tous les thèmes et versions qui m’ont fait suer en prépa. Non car c’est toujours utile de savoir qu’un arbre à feuilles persistantes se traduit par « an evergreen », un peu délicat à placer dans une conversation cela dit mais restons aux aguets.
Après s’être familiarisé avec le parler local, place au décalage culturel. Alors que les historiens affirment que la politesse et les bonnes manières ont fui l’Europe aux alentours du XVIII, la Nouvelle-Zélande n’a pas essuyé une telle perte au plus grand plaisir de votre bonne humeur. Les locaux sont naturellement avenants, leur sens de l’accueil et de l’hospitalité est presque aussi impressionnant que la beauté du pays, ce qui en dit long. Commandez un muffin et préparez-vous au flot incessant mais charmant au possible de questions sur vous et votre vie. Une chaleur humaine agréablement surprenante car si peu commune dans nos pays européens où un sourire coûte plus cher qu’un mois de loyer à Paris, charges comprises.
On ne peut que recommander la Nouvelle-Zélande pour une expérience à l’étranger et un dépaysement. »